Je l'ai depuis quelques heures. Entre les mains de la libraire, j'ai découvert à quoi il ressemblait. Une
"brique"...Couverture jaune. Les noms des deux auteurs, en rouge. Non seulement j'ai attendu d'être
rentrée à la maison pour le sortir du sachet en plastique mais aussi d'avoir mangé, rangé le bloc évier,
mis le linge à sécher. Je me suis lavé les mains et je suis montée dans ma chambre. Sur le lit, le dos
calé contre l'oreiller, j'ai poussé sur le bouton du ventilateur. J'ai pris le livre contre moi, l'ai regardé
puis lu la quatrième de couverture. Elle commence comme ceci :
" La rencontre annoncée dans cette correspondance entre deux génies
de la poésie russe du vingtième siècle est un événement littéraire
exceptionnel."
J'ai ouvert le livre. On croit peut-être que c'est un geste banal, surtout à force d'être répété mais
il n'en est rien. Et quand, de surcroît, il s'agit d'une correspondance entre deux personnes, lieu
de l'intime par excellence, on rentre quelque part où on n'aurait jamais eu accès sans la décision
d'une personne. Cette personne ici, se nomme Ariadna Efron. Elle est la fille de Marina Tsvetaeva.
Ce que Ariadna offre au monde, ce sont les lettres échangées entre sa mère et Boris Pasternak.
De 1922 à 1936 soit pendant 14 ans...
Au total 680 pages avec, si j'ai bien calculé, 67 pages de notes.
Marina Tsvetaeva, je l'ai découverte dans " Est-ce que tu m'aimes encore ? ", autre correspondance
mais entre elle et Rainer Maria Rilke. Et c'est à Boris Pasternak qu'elle doit cette correspondance
avec Rilke au cours de l'été 1926...
" Il faut lire les lettres de Tsvetaeva et de Pasternak comme leur poésie,
comme une oeuvre à part entière."
Je vais donc entrer à pas lents dans cette oeuvre, la laisser pénétrer en moi et rejoindre la multitude de
ceux qui m'accompagnent déjà et me façonnent, chacun à leur manière.