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4 mars 2010 4 04 /03 /mars /2010 10:25



Je l'ai découvert chez Gazou. C'est elle qui m'a donné envie d'acheter ce livre.
Avec seulement le titre, on pourrait s'imaginer que c'est une femme qui écrit. Une histoire d'amour. C'en est une. D'un homme à un autre homme. D'un fils à son père. Adoptif.

" Maman paraissait heureuse avec lui. Un soir il est entré dans ma chambre et m'a dit en se raclant la gorge que si je voulais bien il serait mon père et que je pourrais l'appeler papa. J'ai raconté cet instant de magie dans plusieurs de mes livres [...] "

Un père qui s'est donné la mort d'un coup de carabine le 11 mars 2008.

" Mes mains tremblent chaque fois que je veux retrouver ces passages où il vit encore. Je cherche dans mes romans des preuves de vie, les preuves qu'il a vécu, que nous avons vécu ensemble heureux.  J'ai réalisé à ce moment la dimension magique de l'écriture : les personnages ne vieillissent ni ne meurent. "



  " Peut-être tout cela n'a-t-il de sens que pour moi et quelques personnes que j'aime, qui l'aimaient. Cela suffit.
J'ai choisi l'écriture, ce continent d'incontinence , pour retenir ce qui peut l'être avant que le temps n'engloutisse tout ce qu'il fut dans les brumes de ma mémoire. C'est dit, c'est écrit, il était ainsi, de chair et de soleil, d'ombre et d'éclat, et tous ces souvenirs qui affleurent, ces détails sans importance, son accent, son allure, son regard, cette bonhomie, sa dignité, tout cela reste vivace, le fil n'est pas coupé puisque je le retrouve intact par l'énergie des mots qui donne naissance à des images, à des sons propres à le ranimer. Un plat nouveau préparé par ma femme et je l'entends qui insiste : " Goûte ! Mais tu n'as pas goûté ! Goûte je te dis ! " Cela valait pour tout : la polenta, les pois chiches ou le smen du couscous (du beurre rance en sauce), pour les beignets de courgette où l'ail qu'il cuisait au four et dégustait fondant à la petite cuiller."
                                                                                                 
                                                                                

                                                                                   ********************

L'homme qui m'aimait tout bas.
Le titre à lui seul résonne en moi. Peut-être suis-je devenue encore beaucoup plus sensible à l'amour depuis qu'il a disparu de ma vie. Et sans aucun doute possible cette ode à un père ne pouvait que m'interpeller.
Parce que le mot père pour moi est un mot douloureux. En fait je ne sais pas vraiment ce que c'est.  Il est demeuré à mes yeux un étranger. Un jour j'avais tenté de partager ça avec l'homme qui aujourd'hui est hors de ma vie, hors de ma vue -
je n'aime pas dire ex-mari et  même si nous vivions toujours ensemble à l'époque, je ne supporte plus aujourd'hui cette idée du nous, du couple, d'avant. Donc je lui avais dit que pour moi mon père était un étranger mais il ne m'avait pas entendue. Il s'était, au contraire, opposé à ce que je lui affirmais.  J'aurais juste  voulu être écoutée mais c'était impossible. Alors je l'écris. Mon père, cet étranger. Au moins les mots, eux, ne peuvent pas me contredire.  Même toute petite, je n'allais pas sur les genoux de mon père. 
L'homme-blessure qui restera vive, l'homme-incompréhension, l'homme-mystère. Comme sur cette photo où il me tenait dans ses bras. Et où au dos il avait écrit "  Je me trouve ici avec la fille de mon parrain. "
Je me revois avec Maman. Puisant dans la boîte remplie de photos en noir et blanc. Puisant dans les souvenirs. Dans l'enfance. J'étais mariée et peu-être déjà mère, je ne me souviens plus exactement. Mais de ce moment. Où je tentais de retourner les mots dans tous les sens pour essayer de comprendre. Pourquoi mon père me reniait.  Sa gêne 
à dire qu'il avait une fille. Devant ses jeunes collègues militaires et célibataires, lui avait charge de famille. Je pense que c'est cela que Maman  a essayé de m'expliquer. Il pouvait se promener avec une photo dans son portefeuille, la sortir et le montrer en me faisant passer pour quelqu'un d'autre. Le choc, même à l'âge adulte. Cela et tant d'autres choses.
Alors oui, "L'homme qui m'aimait tout bas" s' est imprimé en moi avec tout cet amour inconnu de moi.

Merci à Gazou pour ce livre-là.  Il m'a permis de renouer avec un projet de récit de vie où après deux pages qui peuvent servir de prologue, je sentais que je devais changer le début écrit il y a presque deux ans.  Avec cette lecture j'ai trouvé comment commencer et faire le lien avec le prologue.
Pas seulement pour ce livre-là mais pour son auteur qui m'a donné envie de faire avec lui un autre bout de chemin.


Je me rends compte que j'ai oublié de nommer l'auteur : Eric Fottorino






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commentaires

L
<br /> Celui-ci :<br /> http://lali.toutsimplement.be/?p=31436<br /> <br /> <br />
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P
<br /> Une façon de me ramener chez toi...Je vais sérieusement prendre le temps de repenser mon implication ici. Le printemps approche, du moins c'est à espérer et je vais devoir élaguer, ici aussi...<br /> Je lirai "Baisers de cinéma" ( et d'autres !) et toi tu liras "L"homme qui m'aimait tout bas"...Lire, lire et encore lire...<br /> <br /> <br />
L
<br /> Curieux que j'aie lu il y a peu un autre livre de cet auteur...<br /> Et avec ce que tu dis de celui-ci, il est évident que je note ce titre!<br /> <br /> <br />
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P
<br /> Et moi je compte bien en lire un autre...Tu me diras lequel tu as lu !<br /> <br /> <br />
C
<br /> Emotion présente à te lire Petit Poucet ... et cette blessure , l'écriture est un baume, comme un début de cicatrisation, enfin il me semble ...<br /> Pour ma part, la blessure est ailleurs et encore plaie ouverte, mais parce que mon père me manque si fort. Mes douleurs se soignent aussi avec des mots, parfois ...<br /> Tu me donnes aussi envie de lire "l'homme qui m'aimait tout bas"<br /> Merci et belle journée pour toi<br /> <br /> <br />
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P
<br /> Merci beaucoup pour ce partage, Chris. Il me touche tellement...<br /> <br /> <br />
C
<br /> Une lecture qui me prend aux tripes.<br /> J' espère que tu vas pouvoir mener à bien ton projet d' écriture, ne serait-ce que pour te sentir "délivrée" du poids d' un passé douloureux et incompréhensible.<br /> bises et bonne soirée :)<br /> <br /> <br />
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P
<br /> Merci Clo...<br /> Pour la première partie, je vois l'auteur demain :) Il y a une rencontre intitulée "Mon père ce repère". Bien à propos, n'est-ce pas...<br /> Pour la seconde, moi aussi j'espère...J'ai un peu l'impression de n'avoir que des projets depuis plusieurs années, des projets et des tas de feuilles griffonnées...<br /> <br /> Je te souhaite un bon week-end.<br /> <br /> <br /> <br />
T
<br /> très émouvant...j'ai les larmes aux yeux ..je revois mon père nous quiter...j'avais 11 ans ..je l'ai revu une fois..j'avais 31 ans et depuis plus de nouvelles...<br /> besos<br /> tilk<br /> <br /> <br />
Répondre
P
<br /> Emotion partagée à te lire, Tilk, les larmes aux yeux...Merci pour ce vécu, cette souffrance dont tu m'ouvres la porte. Merci à toi et à toutes celles et ceux qui, ici, déposent des bribes de vie<br /> que je garde dans mon coeur.<br /> Besos...<br /> <br /> <br />

Se couler vers un ailleurs

Je ne sais vers quel changement je me coule "
  mais le voyage a bel et bien  commencé.
  
Vers un ailleurs où je pourrais me poser,
poser mon corps chaotique et fatigué,
le poids de mes blessures.

Un ailleurs avec des mots
léchés par les vagues 
à moins que ce ne soit par mes larmes.
Car, à portée de regard, comme une évidence: la mer.
A perte d'horizon. La mer. 
Sa rumeur, ses humeurs.
La mer et l'écriture comme subsistance,
pain de mes jours.

Un ailleurs à l'écoute
de ma petite musique intérieure.
A défaut d'une chambre à soi,
inventer symboliquement un espace
qui m'appartienne,
que je puisse habiter à ma façon.
Construction encore bien fragile et hésitante, 
à grands coups de découragement, 
de tentatives maladroites et d'acharnement,
cet endroit se dessine peu à peu. 
Sous mes yeux. Sous les vôtres s'ils s'y posent. 

Espace impalpable qui se voudrait
alcôve sobre et chaude pour y loger 
un peu (le peu) de ce que je suis. 
Espace impalpable mais vivant
comme un battement d'aile.


      
         
Oui, le voyage a bel et bien commencé.

                                                        
                              
                      21 juillet 2009                          

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