Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
5 mars 2010 5 05 /03 /mars /2010 15:46

                                                                                  Ebauchée dans le cadre de l'atelier
                                                                 " Vers Duras" avec Marie-Andrée Delhamende
                                                                                  retravaillée et envoyée à celui qui fut
                                                                                  ma source d'inspiration.







Une certaine présence


Je suis seule dans la chambre, cette chambre où je ne fais que passer.
Quelques heures à la clarté du jour, une nuit.
D'autres hôtes m'y ont précédé, d'autres me succéderont.
Dehors, dedans, le calme est saisissant. Il ne m'oppresse pas,
au contraire, il m'apaise, me nourrit.
A demi-couchée sur le drap blanc, la tête calée contre l'oreiller,
je me laisse habiter par le silence.
Tu en remplis tout l'espace, mon ange. Je l'ai dit. J'ai osé. T'appeler mon ange.
Tu en es un. Et quand tu ouvres tes ailes, c'est pour déposer ça et là un texte,
un poème, une lettre élégante.
Tes mots sont venus jusqu'à moi, ils ont l'audace de ta jeunesse, ils en ont
la beauté singulière. Tu es au bout du monde et pourtant tu es ici, dans cette
chambre couleur crème où je t'imagine, je t'invente un corps, un visage.
C'est comment un ange ? Je ne sais pas. Je ne sais pas.
A côté de moi, sur le lit, il ya ce Café au lait particulier dont je m'abreuve au
goutte à goutte, mot après mot. A force de le relire, je finirai par en connaître
chaque virgule et même les blancs entre les lignes.
Et quand enfin mes paupières alourdies de sommeil se ferment,
c'est l'arôme de ce Café que je sens encore ; il m'emporte vers demain dans
cette chambre où je suis seule, avec ce silence qui m'enveloppe comme une étreinte.

                                                                 

                                                                                                          Avril 2007
                                                                                                     
                                                        


Partager cet article
Repost0
17 février 2010 3 17 /02 /février /2010 19:38





Tu es né un 17 février. Sur une terre d'Afrique où la vie s'écoulait paisiblement. Tes jeunes années préservées, sauvegardées des charognards. Quand les hommes ont perdu la tête et le coeur. Quand ils ont vendu leur âme.  As-tu emporté avec toi un peu de ta terre pour aller vivre ailleurs ? Je sais que tu as emporté le meilleur de ton enfance. Calfeutrée entre la douleur, la perte.
Tu es né un 17 février. J'aurais pu te prendre dans mes bras, te bercer, caresser ta peau douce et m'émerveiller, comme chaque fois, devant la perfection d'un tout petit d'homme.
Aujourd'hui  c'est toi qui pourrait me soulever de terre. Tu es devenu un homme. Aujourd'hui c'est ton anniversaire. Je t'ai envoyé des livres comme j'ai pris l'habitude de le faire depuis que je te connais. Depuis que je sais combien ils sont importants pour toi. T'envoyer des livres, c'est aujourd'hui la seule façon d'être un peu présente dans ta vie. Cette vie que tu malmènes, où tu mets des barrières entre toi et les autres. La seule façon de te dire que je ne t'oublie pas malgré le mal que tu me fais, malgré le mal que tu te fais surtout à toi-même. Je t'ai promis de ne pas t'abandonner. De ne pas te lâcher la main tant que je serais là. T'envoyer des livres c'est un acte d'amour. D'amour dans ce qu'il a de plus désintéressé. Je n'attends rien de toi. J'ai appris à ne plus attendre tes mots. A Noël c'est vrai c'était douloureux, c'était un passage difficile pour moi. Tu ne m'as rien souhaité, tu ne m'as pas dit merci pour le livre, rien. Faut-il que tu sois mal, si mal, que tu aies mal, si mal pour n'être même pas capable d'un merci, d'un mot  d'amitié, d' un signe quelconque, d' une onomatopée, d'une main tendue le soir de Noël ?
Je t'ai imaginé découvrant l'enveloppe blanche, sa provenance. Déjà tu pouvais deviner ce qu'elle contenait. Elle ne pesait pas bien lourd, juste un livre qui évoquait ce film que tu avais vu, aimé. Tu l'as ouverte, pris le livre en main. Qu'as-tu ressenti en faisant ces gestes-là ? As-tu ressenti quelque chose ? Cette impression de mystère indubitablement. De me demander si tu ranges tes sentiments quelque part. Dans une boîte avec un couvercle.
Je ne suis pas sans coeur m'avais-tu écrit un jour. C'est impossible que tu le sois, je le sais. Mais tu l'enfuis sous une mer de maux et je me dis que tu ne dois même plus l'entendre battre. Il te faut nager, nager, plonger profond jusqu'à atteindre ton coeur. Cela t'épuise. Alors souvent tu restes à la surface. De ton coeur, de ta vie. Tu mets tes rêves de côté comme certains leurs sous à la banque. Tu dis que tu n'es pas aimé, qu'on ne peut pas t'aimer  tel que tu es. Et tu n'oses pas te montrer tel que tu es devant les autres. Tu souris, tu ris alors qu'à l'intérieur , tu es plein de larmes. Je les absorbe comme tes silences. J'y pose de temps en temps un livre pour qu'il t'accompagne dans ta quête. Tu dis  que la vie ne t'aime pas. S'il te plaît, n'accuse pas la vie. Elle est ce qu'on en fait. Alors cesse de gémir, d'avoir peur et va de l'avant. Tu te trouves au carrefour de tous les possibles.Ta jeunesse est une porte grande ouverte sur le monde. Sur la liberté.  Qu'elle ruisselle en toi.  Qu'elle t'éblouisse. Qu'elle te porte à semer, à courtiser la vie et frémir devant son souffle le plus infime.
Petit Poucet rêveur
Partager cet article
Repost0
26 janvier 2010 2 26 /01 /janvier /2010 12:53



 Je lui avais envoyée, fin août, en pièce jointe.
Il m'avait répondu qu'il la lirait vite. Me parlait déjà de ce
tourbillon qui l'emportait. J'ai attendu. Cru qu'il avait été déçu,
voire choqué peut-être. Je me suis raconté des histoires.
Il ne l'a pas lue. Peut-être déjà se tenait-il éloigné de tout comme
 il l'a suggéré dans son mail. Un besoin vital de solitude.
D'ailleurs son dixième roman, bien qu'il soit prêt, n'est pas paru,

début janvier,
comme les années précédentes. Le 19 janvier, il s'est
envolé pour Montréal. Pour mettre, une fois de plus, de la distance
entre la France et lui. Pour être seul. Ailleurs. Et écrire.
Ne jamais cesser d'écrire.

 

 

 

Cette lettre a été proposée au concours de la fondation Pierre Nothomb en   2009.

Seule contrainte : la lettre devait commencer  par "Sous les feuillages de mes chênes, je vous écris"

 

 


 

Sous le feuillage de mes chênes je vous écris alors que des effluves de glycine envahissent mes sens, frôlent le papier posé devant moi sur la table du jardin. Sentez-vous ce parfum ? Sentez-vous, dans la lumière vive de ce matin intensément bleu, le printemps qui s’exprime, s’exhale et avec lui mon corps où l’hiver semble si bien se complaire. Car seuls ce corps ô combien fragile, cette santé trop souvent déficiente m’ont tenue loin de vous, loin de ces mots semblables à des brèches entre l’écrivain notoire et talentueux que vous êtes et la simple lectrice que je suis.

 

Vous dites que le silence ne marque pas forcément une distance. Qu’il peut même, parfois, être l'expression d'une communion. Je le crois. Je vous crois.

Sachez en tous cas que ce silence, aussi profond qu’il soit, n’est jamais synonyme d’oubli. Comment pourrais-je vous oublier ? Il arrive que vous vous imposiez, jusque dans mon sommeil. Il y a quelques nuits celui-ci s’est peuplé d’histoires qui s’enchevêtraient. A mon grand étonnement vous en faisiez partie.

J’étais accoudée à une rambarde et de votre corps endormi sous les draps, je ne voyais que le visage encadré d’une masse de cheveux sombres. C’était bon d’être là, de vous regarder dormir. Cette proximité dans les rêves a quelque chose de troublant.

Comment vous oublier ? Vous êtes ce voyage à travers des pages bouleversantes, des personnages attachants. Luca, Anna, Leo. Les premiers qu’il m’a été donné de connaître. Ensuite Vincent, Arthur et tous les autres. Seuls les derniers ne me sont pas encore familiers. Ma lecture a été entravée par l’échéance de cet examen à l’hôpital, de ce ventre à explorer. Des semaines à cultiver l’angoisse. Et puis le soulagement.

L’esprit apaisé, je peux m’asseoir dans ce jardin où la vie éclate, où le mauve, le rose et le rouge des fleurs m’exaltent. Ma main retrouve le chemin qui mène à vous. Comme une évidence. Comme mes pas qui me conduisaient vers vous cette toute première fois, à la Foire du Livre de Bruxelles. Le souvenir en est intact. Cette peur devant vous, votre jeunesse. Ce tremblement dans ma voix, ma main qui hésitait à sortir du sac la boîte de chocolats achetée à votre intention. Sous le papier brillant, un feuillet avec quelques phrases maladroitement écrites dans le train. Et puis l’audace du geste.

Mon émotion vous l’avez sentie. Elle était palpable. Elle vous a touchée. De mes yeux éblouis, j’ai lu ces mots que vous m'adressiez. Vous étiez rentré, il pleuvait sur Paris et cloîtré dans votre appartement, vous écriviez. Est-ce depuis lors que j'aime tant la pluie ?

Plus de trois ans déjà qu'entre vous et moi les mots tombent comme des gouttes d'eau claire. Plus de trois ans et je ne m'habitue pas. J'ai toujours le cœur qui bat un peu plus fort à chaque fois que je vous lis.

Dans ma si petite vie, vous êtes l'inattendu, l'inespéré. La rencontre que je n'aurais osé imaginer. J'absorbe vos mots, ils me rassurent, m'édifient. Vous me faites rêver, moi qui ne parcours le monde qu’à travers les livres. Les vôtres m'emmènent en Italie, en Amérique, à Cuba ou à Falmouth. Vous me faites traverser le temps, les guerres, les combats des uns et des autres. Les deuils, les corps vierges, malades ou amputés et tout le lot des passions humaines. Je ne sais pas si je vous l’ai déjà confié mais j’ai un faible pour ce « garçon d’Italie », ce premier roman où j’ai découvert votre écriture et qui m’a tant séduit. Je l'ai encore ouvert, pas plus tard qu'hier et j'ai envie de laisser à Luca le soin de terminer avec moi cette lettre, avec cette phrase : « Cet éblouissement de la première fois, j’ai réussi à ne pas l’égarer. » Oh bien sûr, Luca parle du langage des corps mais qu’importe : cette phrase je peux me l’approprier.

Et sous le feuillage de mes chênes qui bruissent légèrement, dans ce matin intensément bleu, permettez-moi, juste une fois cet instant d’abandon, cet aveu : vous êtes un homme que j’aime.

 


  

Partager cet article
Repost0

Se couler vers un ailleurs

Je ne sais vers quel changement je me coule "
  mais le voyage a bel et bien  commencé.
  
Vers un ailleurs où je pourrais me poser,
poser mon corps chaotique et fatigué,
le poids de mes blessures.

Un ailleurs avec des mots
léchés par les vagues 
à moins que ce ne soit par mes larmes.
Car, à portée de regard, comme une évidence: la mer.
A perte d'horizon. La mer. 
Sa rumeur, ses humeurs.
La mer et l'écriture comme subsistance,
pain de mes jours.

Un ailleurs à l'écoute
de ma petite musique intérieure.
A défaut d'une chambre à soi,
inventer symboliquement un espace
qui m'appartienne,
que je puisse habiter à ma façon.
Construction encore bien fragile et hésitante, 
à grands coups de découragement, 
de tentatives maladroites et d'acharnement,
cet endroit se dessine peu à peu. 
Sous mes yeux. Sous les vôtres s'ils s'y posent. 

Espace impalpable qui se voudrait
alcôve sobre et chaude pour y loger 
un peu (le peu) de ce que je suis. 
Espace impalpable mais vivant
comme un battement d'aile.


      
         
Oui, le voyage a bel et bien commencé.

                                                        
                              
                      21 juillet 2009                          

Recherche

Plantez des arbres...

Choisissez ETHICLE et plantez des arbres.

DSCF1085.jpg
          Photo : Julie

100 recherches = un arbre planté.
http://www.ethicle.com

Archives

Je soutiens



                                        Médecins du Monde
                                                                et
                                                              
                                              G
reenpeace