Vendredi 14 septembre 2012
Revenir. Pourquoi ? me suis-je demandé tellement cela m'apparaît comme un
non-sens. Au moment où j'écris ces lignes je termine une de ces journées creuses.
La sensation d'être une enveloppe vide. Chaque geste m'a coûté et j'ai vécu au ra-
lenti. J'ai quand même réussi à pétrir la pâte pour le pain : fierté de la journée.
Faire des projets devient quasiment impossible. La saison dernière (2011/2012),
j'avais pris un petit abonnement pour des concerts classiques.
Sur les six, j'ai pu assister à trois. Je m'étais également inscrite à un cours à l'uni-
versité, cours qui avait lieu au second quadrimestre donc à partir de février. il por-
tait sur l'écriture de création. C'était un cours à option que ma fille avait choisi.
J'étais très motivée même si je devais me lever à six heures puisqu'il com-
mençait à huit heures. J'ai participé aux deux premiers puis j'ai été terrassée
par une mauvaise grippe. Cinq semaines pour me rétablir. Mais même après cela,
il est resté quelque chose qui s'apparente à des séquelles : mon état général en
avait pris un coup et j'avais peur de ne plus être comme avant la grippe.
La délivrance est arrivée pendant la seconde quinzaine de mai avec les effluves
du printemps. Quel soulagement j'ai ressenti. Une renaissance.
Tout devient problématique, même pour un rendez-vous chez ma dentiste ( je dois
prendre le train ) ou simplement pour aller chez le coiffeur. Il m'est arrivé de re-
porter jusqu'à trois fois mon rendez-vous. Je finis par me sentir extrêmement mal
à l'aise. Difficile de faire des projets et pourtant je continue d'en faire. Dans l'en-
thousiasme qui suit l'annonce d'un concert, d'un spectacle, je réserve aussitôt une
place. Avec la question inévitable de savoir si je serai en forme le jour-même,
capable d'y assister.
Mardi 18 septembre 2012
Après cinq journées difficiles où le corps m'a lâché de diverses façons, voilà que je
peux envisager de poursuivre, d'ajouter quelques lignes encore jusqu'à atteindre
à un moment donné le point final. Je suis sûre d'y arriver. C'est une question de temps.
Après tout, rien ne presse.
Réveillée dès cinq heures trente ce matin. Avec un mal de dos. Par contre les douleurs
dans la bouche qui m'avaient empêchée de dormir la nuit précédente, se sont calmées.
La fatigue me poursuit mais vu le manque de sommeil cela n'a rien d'étonnant. Cepen-
dant je me sens mieux. La sensation de vide au-dedans comme si je n'avais plus de sang,
du corps lourd à traîner comme un sac de charbon, cette sensation-là a disparu. Je sens
de nouveau l'énergie circuler en moi. Je vis dans la lenteur. Je savoure chaque chose qui
peut l'être.
Cet après-midi, j'ai quitté les murs de ma maison pour aller en ville. Quelle impression
vivifiante de marcher sur un trottoir, sentir tout le corps en mouvement. Et l'air. Je l'ai
aspiré de toutes mes forces. Etre vivante est un miracle.
Dimanche 23 septembre
Alors revenir. Pourquoi ? Parce que j'en avais envie. Cette envie de me sentir, un tant
soit peu,reliée à quelques humains. Faisant partie d'un tout.
Revenir. Mais à un autre rythme.
défaillant. Malgré le temps dont je dispose, je n'écris pas quand je veux mais
quand je peux, c'est-à-dire quand le corps le permet. Trop rares sont les jours
où je suis vraiment bien. Alors il me faut, à tous points de vue, composer avec
cette déficience que je ne sais pas nommer.
J'ai aussi, l'été 2011, fait un second stage autour du collage. L'artiste, que j'aime
beaucoup, m'a encouragée à plusieurs reprises à continuer. J'ai un bagage suffisant
pour poursuivre seule. Même si je ressens le besoin de ses pré cieux conseils de
temps à autre. Participer à une exposition reste un rêve mais pas une utopie.
Mardi 2 octobre 2012
Revenir à un autre rythme. Lequel ? Je ne sais pas. Je ne programme rien.
Vous ne me lirez, par conséquent, pas souvent. Je me laisse porter par ces
vagues intérieures qui parfois sont douces mais toujours lancinantes.
Epuisantes.
Mais au moins être là. Participer, un tant soit peu, à quelque chose qui
me prolonge, me relie à ce vaste univers.