19 octobre 2009
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E x t é n u é e
La fatigue sur elle comme une sourde poussière.
Elle a le gris au corps, le coeur défait plus encore
que le visage, les genoux qui cognent. Fourbue.
Elimée. A force d'être bue jusqu'à la lie. Emiettée
au long des heures. Rompue. Sous la façade du
vêtement, personne. Evanouie. Le bout du jour ne
viendra donc jamais. Sombrer dans le ventre du
noir, ne plus lever le petit doigt ni courir, nourrir,
laver, compter, satisfaire l'insatiable. En finir avec
cette lassitude rouée de peine.
Singulières et plurielles - Colette Nys-Mazure
De tous les livres de Colette que je possède, celui-ci est le plus usé, le plus vivant. Lu et relu sans relâche. Il porte les traces de mes nombreux passages, de mes nombreux voyages à visage, corps et coeur de femmes. Imprimés dans ma mémoire, dans ma chair. Femmes "Plurielles, innombrables, passées, à venir. Toujours des femmes à aimer en deça et par-delà les ombres et les clartés".
La fatigue sur elle comme une sourde poussière.
Elle a le gris au corps, le coeur défait plus encore
que le visage, les genoux qui cognent. Fourbue.
Elimée. A force d'être bue jusqu'à la lie. Emiettée
au long des heures. Rompue. Sous la façade du
vêtement, personne. Evanouie. Le bout du jour ne
viendra donc jamais. Sombrer dans le ventre du
noir, ne plus lever le petit doigt ni courir, nourrir,
laver, compter, satisfaire l'insatiable. En finir avec
cette lassitude rouée de peine.
S a u v e g a r d é e
De l'aube elle garde un air de royauté. Si démunie
soit-elle, elle porte trace d'anciennes richesses.
comme une cape l'immuniserait du mal, du gel.
On l'aperçoit égarée dans une rue, une gare, un
bureau ; on la voit pareille à toutes les femmes.
Une fine poussière recouvre déjà son visage qui
fut vif, brillant et malicieux ; un retard dans les
gestes, la démarche, l'achemine, loin du fracas et
de la fureur, vers la blessure toujours fraîche des
tombes. De l'enfance elle détient un talisman.
De l'aube elle garde un air de royauté. Si démunie
soit-elle, elle porte trace d'anciennes richesses.
comme une cape l'immuniserait du mal, du gel.
On l'aperçoit égarée dans une rue, une gare, un
bureau ; on la voit pareille à toutes les femmes.
Une fine poussière recouvre déjà son visage qui
fut vif, brillant et malicieux ; un retard dans les
gestes, la démarche, l'achemine, loin du fracas et
de la fureur, vers la blessure toujours fraîche des
tombes. De l'enfance elle détient un talisman.
Singulières et plurielles - Colette Nys-Mazure
De tous les livres de Colette que je possède, celui-ci est le plus usé, le plus vivant. Lu et relu sans relâche. Il porte les traces de mes nombreux passages, de mes nombreux voyages à visage, corps et coeur de femmes. Imprimés dans ma mémoire, dans ma chair. Femmes "Plurielles, innombrables, passées, à venir. Toujours des femmes à aimer en deça et par-delà les ombres et les clartés".