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18 septembre 2009 5 18 /09 /septembre /2009 17:11
A. B. - Une dernière question. Vous avez écrit dans Murale :
                              
                              O mort
                               Tous les arts t'ont terrassée

Vous y croyez vraiment ?



M.D. - Non, mais il faut y croire pour oublier la mort, pour vivre
avec elle sans trop s'en soucier. Sinon toute vie devient impossible,
et tout mouvement, et tout progrès. L'art justifie notre existence sur
terre, notre présence et l'illusion d'être éternels. L'éternité est évidemment
une illusion, mais les humains ne peuvent vivre sans illusion, ne peuvent
imaginer d'être si éphémères. Deux voies s'offrent à eux : celles de l'art,
c'est-à-dire de réaliser une oeuvre qui leur donne l'illusion d'avoir vaincu
la mort, et celle de la religion, donc d'une vie éternelle après la vie.
Mais qu'est-ce qui est plus dur à supporter : la mort ou l'éternité ?



                                                                      Mahmoud Darwich

                                                                                                   Entretiens sur la poésie
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17 septembre 2009 4 17 /09 /septembre /2009 16:07
     Faire un bilan ? Je ne suis pas comptable. Et pourtant j'ai parfois l'impression de n'avoir jamais fait que cela : des bilans, heure après heure, jour après jour, et depuis toujours.
    Des réussites, des victoires ? Il dit oui, peut-être, mais un peu dérisoires, parce que j'ai toujours payé trop cher les choses que j'ai eues ; payé trop cher aussi des choses que je n'avais pas vraiment désirées, et payé encore, pour faire comme si je les avais choisies.

    - Il y a des victoires qui ont un étrange arrière-goût d'échec, dit-il plus tard, et qui feraient penser qu'il aurait mieux valu échouer de manière nette, sans ombres.

     Il s'est tu longtemps, les yeux fixés sur je ne sais quel endroit du jardin, qui baignait dans un mélange de brume et de rayons de soleil.
     - Oubliez tout cela, a-t-il dit brusquement en se levant pour aller chercher un livre, ce n'est pas très important. Il y a eu de bonnes choses, tous ces instants épargnés par le temps et les circonstances, ces petites choses sauvées du hasard, comme un bijou de pacotille que des archéologues retrouvent intact au milieu d'un amas d'oeuvres d'art pulvérisées.
     J'avais l'impression qu'il fallait que je dise quelque chose, n'importe quoi. Mais il souriait.
    -Vous connaissez peut-être ce livre, m'a-t-il dit en me montrant Les Enfants du jazz. Je l'avais lu il y a longtemps et je l'ai repris ce matin. J'ai retrouvé un passage que j'avais bien aimé :  Dans cette chaleur, rien ne comptait. La vie n'était plus que conditions atmosphériques, on attendait, dasn une chaleur où les événements perdaient leur signification, le retour d'une fraîcheur douce et caressante comme une main de femme sur un front las.



                                                              Mémoires d'un ange maladroit - Francis Dannemark
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16 septembre 2009 3 16 /09 /septembre /2009 09:06



Sur la tapisserie de la chambre, des biches fuient depuis plus de trente ans les chasseurs embusqués, à l'épaule endolorie. Seule la couleur du pelage et celle du feutre des chapeaux se sont perdues un peu en cours de route, donnant de la grâce à ce qui jadis n'était qu'un papier peint du plus mauvais goût.
Tout est là : la beauté ne survient qu'après l'usure et les grandes fatigues, sans qu'on l'attende, qu'il s'agisse de celle des choses ou de celle des êtres.
Onze heures étaient passées. J'ai fermé la lumière.



                                                  Quelques-uns des cent regrets - Philippe Claudel
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12 septembre 2009 6 12 /09 /septembre /2009 16:52
 L'écrit ça arrive comme le vent,
  c'est nu, c'est de l'encre, c'est l'écrit,
  et ça passe comme rien d'autre ne passe
   dans la vie, rien de plus, sauf, elle, la vie.



                                                                                   Ecrire - Marguerite Duras
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12 septembre 2009 6 12 /09 /septembre /2009 16:33
La solitude de l'écriture c'est une solitude sans quoi l'écrit ne se produit pas, ou il s'émiette exsangue de chercher quoi écrire encore. Perd son sang, il n'est plus reconnu par l'auteur.

Il faut toujours une séparation d'avec les autres gens autour de la personne qui écrit les livres.
 C'est une solitude. C'est la solitude de l'auteur, celle de l'écrit. Pour débuter la chose, on se demande ce que c'était ce silence autour de soi. Et pratiquement à chaque pas que l'on fait dans une maison et à toutes les heures de la journée, dans toutes les lumières, qu'elles soient du dehors ou des lampes allumées dans le jour.
Cette solitude réelle du corps devient celle, inviolable, de l'écrit. Je ne parlais de ça à personne. Dans cette période-là de ma première solitude j'avais déjà découvert que c'était écrire qu'il fallait que je fasse. J'en avais déjà été confirmée par Raymond Queneau. Le seul jugement de Raymond Queneau, cette phrase-là : "Ne faites rien d'autre que ça, écrivez."

Ecrire, c'était ça la seule chose qui peuplait ma vie et qui l'enchantait. Je l'ai fait. L'écriture ne m'a jamais quittée.


                                                                                           Ecrire - Marguerite Duras
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11 septembre 2009 5 11 /09 /septembre /2009 20:41




Le commentaire de Chantal sur la beauté fait tout naturellement surgir cette phrase :

On ne voit bien qu'avec le coeur,
l'essentiel est invisible aux yeux.

                          Saint-Exupéry
                                                                                                            

C'est tellement vrai...
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11 septembre 2009 5 11 /09 /septembre /2009 18:38
C'est ici que j'ai décidé d'écrire, les soirs où j'en trouverai l'énergie. Ce sera l'objectif de mes journées : cette pause arrachée à la panique, à la nausée, ces minutes d'écriture qui me permettent de ne pas perdre le dialogue avec moi-même. Parce que, moi aussi, au fur et à mesure que les jours passent, j'ai l'impression de ne pas me reconnaître.
Je m'éloigne de moi. Je ne sais plus penser, je vis dans la peur, je vis dans l'attente, l'espace et le temps se sont condensés jusqu'à tout rendre immobile en moi et autour de moi, je suis tétanisée, je voudrais hurler mais je reste silencieuse, le cerveau asphyxié, comme mort.
Moi aussi je disparais.
Même mon corps je ne le touche plus, ou à peine, juste le minimum : pour le savonner, démaquiller le visage, effacer les traces de larmes. Lorsque je m'habille je ne m'attarde pas, je l'effleure comme s'il était devenu un étranger ou un ennemi, comme s'il m'avait trahie.


                                                                                                       Puisque rien ne dure - Laurence Tardieu
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11 septembre 2009 5 11 /09 /septembre /2009 18:34


Nelson Mandela a été libéré aujourd'hui. Partout on ne parle que de ça :
les journaux, la radio, la télévision. Nelson Mandela libéré.
L'Afrique du Sud en liesse. Ce doit être un jour de grâce.
  Je ne peux pas participer à cette joie collective. J'aimerais, mais je ne
peux pas. Je ne peux pas dépasser ma petite vie, son calvaire, je ne peux
 pas aller au-delà, être touchée par ce qui se passe à l'extérieur.
Je suis emprisonnée à l'intérieur de moi, Vincent et moi sommes
emprisonnés, le reste du monde n'existe plus pour nous, nous sommes
exclus, et seuls.
  Sommes-nous trop égoïstes ? Faibles, assurément. Qu'on me pardonne.
J'ai perdu le chemin qui mène aux autres.

                                                                
              Puisque rien ne dure - Laurence Tardieu
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7 septembre 2009 1 07 /09 /septembre /2009 21:23

Curieux...J'ai ouvert les "Cinq méditations sur la beauté" de François Cheng et je tombe sur une page où il cite...Plotin...
Je vous livre cet extrait, dans la troisième méditation,
(avec une pensée particulière pour quelqu'un qui ne se trouve aucune beauté ) :



La beauté, au sens courant, n'est pas forcément bonne ; on parle même de "beauté du diable ". Mais n'oublions pas notre critère de base : est vraie beauté celle qui relève de l'Être, qui se meut dans le sens de la vie ouverte. La beauté du diable, se fondant sur la tromperie, jouant au jeu de destruction et de mort, est la laideur même. Une vraie beauté dépasse l'apparence, ce qu'explicite bien la phrase de Plotin (Traité 38) :
"Il n'y a pas de beauté plus réelle que la sagesse que l'on voit en quelqu'un. On l'aime sans égard à son visage qui peut être laid [selon le sens commun]. On laisse là toute son apparence extérieure, et l'on recherche sa beauté intérieure [ qui illumine]."
                                                                

                                                                                                     

                                                                       Cinq méditations sur la beauté

                                                                                                      François Cheng

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3 septembre 2009 4 03 /09 /septembre /2009 20:44


De si loin que l'on revienne,





                                                                                                  




                                                                           ce n'est jamais que de soi-même.


                                                                              
                          
         L'enfant de sable - Tahar Ben Jelloun
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Se couler vers un ailleurs

Je ne sais vers quel changement je me coule "
  mais le voyage a bel et bien  commencé.
  
Vers un ailleurs où je pourrais me poser,
poser mon corps chaotique et fatigué,
le poids de mes blessures.

Un ailleurs avec des mots
léchés par les vagues 
à moins que ce ne soit par mes larmes.
Car, à portée de regard, comme une évidence: la mer.
A perte d'horizon. La mer. 
Sa rumeur, ses humeurs.
La mer et l'écriture comme subsistance,
pain de mes jours.

Un ailleurs à l'écoute
de ma petite musique intérieure.
A défaut d'une chambre à soi,
inventer symboliquement un espace
qui m'appartienne,
que je puisse habiter à ma façon.
Construction encore bien fragile et hésitante, 
à grands coups de découragement, 
de tentatives maladroites et d'acharnement,
cet endroit se dessine peu à peu. 
Sous mes yeux. Sous les vôtres s'ils s'y posent. 

Espace impalpable qui se voudrait
alcôve sobre et chaude pour y loger 
un peu (le peu) de ce que je suis. 
Espace impalpable mais vivant
comme un battement d'aile.


      
         
Oui, le voyage a bel et bien commencé.

                                                        
                              
                      21 juillet 2009                          

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